Désireux de comprendre les thèmes pertinents à investir pour mettre en pratique un processus de formation s’articulant autour d’un portfolio, un premier atelier a été organisé. Il portait sur la motivation à utiliser un portfolio et sur le processus d’entrée dans celui-ci.
D’une durée d’une heure et demie, cet atelier avait comme thème:
Comment engager les apprenants dans une démarche portfolio? Développement de la motivation personnelle, processus pour s’emparer d’Uscope et accompagnement nécessaire.
Eléments de motivation
La première partie de l’atelier a traité de la question de la motivation. Pourquoi une personne décide-t-elle de prendre du temps pour renseigner un portfolio? Va-t-elle juger cette démarche suffisamment importante pour s’arrêter régulièrement et capturer des traces de son activité? Perçoit-elle les finalités de la démarche? Peut-on l’accompagner efficacement pour les comprendre et les faire siennes?
Un brainstorming nous a permis d’identifier un certain nombre d’éléments motivant la personne à s’emparer de cette démarche. Ceux-ci ont ensuite été regroupés dans de plus grandes catégories, présentées ci-dessous.
La notion de contrainte est vite apparue comme pouvant être utilisée de manière positive, en tant que catalyseur de la motivation. A ce jour, l’ensemble de nos expériences d’utilisation de portfolio s’inscrivent dans un cadre de formation, dont l’ingénierie fait une place importante à cet outil.
En lien avec la contrainte, toute action externe (le regard extérieur, le partage d’expérience ou encore l’évaluation et la valorisation) peuvent créer une motivation à réaliser la démarche. Ces éléments, identifiés et intégrés dans l’ingénierie de formation, sont des leviers puissants. Ils poussent à renseigner ses activités et à réaliser ses propres réflexions. Elles prennent alors du sens en regard du contexte dans lequel s’inscrivent les différents acteurs et actrices de la démarche: la personne, au centre, qui se dévoile et celles, autour, qui l’accompagnent.
De nombreux autres éléments ont été identifiés comme pouvant participer au développement d’une motivation intrinsèque, mais il nous semble peu probable que, sans déclencheur initial, ceux-ci puissent s’activer d’eux-mêmes.
Entrer dans un processus portfolio
En deuxième partie d’atelier, nous avons identifié les éléments facilitant l’entrée dans la démarche portfolio. L’idée n’est pas de définir un processus rigide prêt à l’emploi, mais de comprendre, par retours d’expériences, ce qui vient soutenir une appropriation réussie.
Comme identifié précédemment dans le cadre de la motivation, il est essentiel soit de mettre au point une démarche accompagnée, soit d’avoir une visée à efforts “payants”, comme une évaluation ou une certification au travers du portfolio lui-même (par exemple dans un processus de validation des acquis d’expérience).
Sans un bénéfice identifié, en termes de plus value et finalité, par la personne se lançant dans la démarche, il est peu probable que celle-ci y investisse du temps.
Il est apparu clairement au groupe de discussion que l’accompagnement, en tout cas dans sa phase initiale, est essentiel pour bien démarrer et recadrer l’utilisation du portfolio.
Le modèle d’acceptation de la technologie (MAT) fait d’ailleurs la proposition qu’un outil aura tendance à être délaissé par l’utilisateur-rice si ce-tte dernier-ère ne perçoit pas un certain équilibre entre son utilité / ses bénéfices et sa facilité d’utilisation (Davis, 1989). L’accessibilité et l’aspect ludique de l’utilisation de l’outil font également partie des pistes que le groupe a identifié comme pouvant agir sur la motivation.
Il ressort aussi de ce partage d’expérience qu’un-e accompagnant-e ayant réalisé (ou réalisant en même temps que ses premier-ère-s accompagné-e-s) soi-même un morceau de démarche, dans son propre domaine professionnel, avec le même outil, est rapidement plus pertinent-e. Ceci grâce à, d’une part, la compréhension et la maîtrise technique de l’outil, et d’autre part, celles du processus lui-même. Il s’agit de le vivre pour mieux le comprendre, l’appréhender et le faire vivre.
Application de ces réflexions chez Uchronic
Cet atelier nous permet d’optimiser l’ingénierie de nos séances de lancement. Conscient de l’importance de la prise en main initiale d’un nouvel outil numérique, Uchronic propose de réaliser quelques séances chez ses partenaires, afin d’asseoir rapidement une pratique interne de la mise en route dans le processus portfolio. Ces séances, intégrant accompagnateur-trice-s et bénéficiaires, se déroulent de manière très pratique, d’une part, et visent à rassurer les utilisateur-trice-s quant à la facilité d’entrée sur la plateforme et à la fiabilité de celle-ci. Dès les prochaines sessions, une partie de réflexion autour de leurs propres motivations à réaliser une démarche portfolio sera mise en place.
D’autre part, en se référant au MAT, Uscope n’échappe pas à la règle. Les retours des utilisateurs confirment déjà que les options prises au niveau de l’interface utilisateur sont cohérentes avec leurs attentes et besoins perçus. D’autres investigations seront menées régulièrement par Uchronic, pour s’assurer que, pour ses différents publics, les éléments mis en place permettent un usage effectif et cohérent avec sa visée.
Remerciements
Ce premier atelier et cet article ont été réalisés grâce à la participation et aux précieux apports de:
- Christophe Dind – Responsable pédagogique et adjoint de direction à l’Arpih,
- Patrick Favre – Fondateur et contributeur chez Uchronic.
- Céline Girardet -Maîtresse assistante à l’Université de Genève (FPSE) et membre du groupe de recherche EReD,
- César Humerose – Chargé de projets chez Uchronic,
- Lucie Mottier Lopez – Professeure ordinaire et responsable du groupe de recherche EReD de la FPSE, Université de Genève.
Depuis longtemps passionné par la force du groupe, mes études et mes expériences professionnelles (ou non d’ailleurs) m’ont porté à travers plusieurs réalisations ambitieuses. A chaque fois, c’est l’équipe qui a fait la différence et a permis d’atteindre les objectifs fixés, avec une structure venant la soutenir pour un développement personnel et collectif.
Je relève actuellement plusieurs défis. D’une part, le pari de fusionner une approche système et l’agilité. Je suis convaincu que là-derrière se cache un modèle reproductible et efficient. Et surtout en phase avec ce que devrait être une entreprise aujourd’hui, transparente, partagée et mobile. D’autre part, celui de créer le lien entre le soi et le monde professionnel, de devenir en capacité de traduire son expérience dans les termes partagés par le métier.
Tout cela converge dans le logiciel Uscope, qui permet de “dessiner” une structure, tant dans son armature qu’au niveau de chaque individu la composant et à travers ses flux, qui la rende vivante.
Au delà des éléments énoncés par le groupe, le fait d’observer l’activité des individus, donc de s’y intéresser, les incite à se surpasser. C’est l’approche développée par Elton Mayo au début du siècle passé, qui est considéré comme “un des pères fondateur de la sociologie du travail”. Ainsi, toute production nécessite le regard et l’appréciation de tiers pour gagner en “valeur”, et la formation n’échappe certainement pas à cet aspect de la psychologie humaine.