Quelques mots d’introduction

Si aujourd’hui, il paraît évident en formation de créer des liens entre son activité réelle et les compétences que l’on entend développer, le passage de ce travail individuel à un partage au niveau collectif reste peu exploité.

Se répandant actuellement, des solutions de e-portfolios, permettent à de plus en plus de personnes en formation de recueillir des traces de leurs activités, les mettant ainsi en lien avec les compétences à développer lors du cursus suivi.

Selon l’outil utilisé, les attentes cadres de la formation, les choix et actions des accompagnant.e.s, ou encore la motivation intrinsèque de la personne en formation, ses traces pourront prendre des formes très variables.

 

Soi, son parcours

Ce peut être nommer son expérience, ajouter une photo, un morceau de vidéo, définir le contexte, décrire ce qu’on va faire… dans le cas d’une utilisation comme journal de bord. Ou ce que l’on a fait, pour une expérience terminée ; récupérer un document réalisé, tout en s’étant assuré d’avoir l’autorisation de l’utiliser… tant de méthodes parmi d’autres pour garder des traces de ses propres activités !

Puis, repartant de ces traces, à nouveau poussé.e par le cadre et/ou l’outil utilisé, générer toute la réflexion qui va permettre une meilleure identification de ce qui se cache à l’intérieur de soi :

Qu’est-ce qui m’a permis de démarrer cette activité ? J’ai pu m’appuyer sur différents éléments que je connaissais, maîtrisais déjà ! Durant la réalisation de cette activité, j’ai appris de nouvelles choses sur moi, découvert de nouvelles ressources. Je les note, je les capture pour m’y référer plus tard ! Et maintenant, avec le recul, si je devais réaliser le même genre d’activité, à quoi devrais-je faire particulièrement attention ? Que faudrait-il améliorer ?

 

Un rôle du collectif : le relecteur, la relectrice

Un e-portfolio est destiné à être lu par une tierce personne. C’est là son essence : n’étant pas un journal intime, il est essentiel de prendre un peu de recul sur ce que l’on partage, et de s’identifier, soi, comme professionnel.le, capable de comprendre ses actions et leurs enjeux. Nul besoin de vantardise, simplement poser les éléments nécessaires à la compréhension du travail fourni et construire sa propre réflexion à partir de ceux-ci.

Fondamentalement, le relecteur, la relectrice, se doit d’adopter une posture bienveillante, de créer un lien de confiance avec la personne qui s’offre à son regard. En ajoutant une dimension critique aussi, afin de donner des retours qualitatifs, permettant une évolution personnelle dans sa propre compréhension.

Ce rôle n’est pas toujours facile à habiter et demande de l’expérience pour prendre toute sa mesure. Il recèle quelques pièges, dont celui du temps que peut demander la prise de connaissance d’un portfolio bien rempli, surtout lorsque celui-ci est multiplié par le nombre de personnes suivant la formation ! Le lecteur doit donc pouvoir, d’une part, compter sur un outil facilitateur, mais aussi développer des techniques de lecture et de retour efficaces, voire mettre en place des consignes précises. Il est toutefois préférable de ne pas trop contraindre les rédacteurs et rédactrices, au risque de les inhiber, et de passer à côté de l’objectif principal de l’approche, à savoir développer sa propre réflexion.

 

Et les pair.e.s ?

Au-delà d’un.e unique relecteur, relectrice, il est intéressant d’intégrer dans la démarche des présentations de ses activités à ses pair.e.s. Tout d’abord, cet exercice amène à développer les compétences orales, en plus de celles utilisées pour le relevé des traces et de la réflexivité. C’est un moment de partage, où l’individu se met publiquement en jeu et dévoile sa compréhension à un groupe, afin que les retours le fassent évoluer, qu’ils nourrissent sa réflexion et celle des autres. Au-delà de l’activité elle-même, il permet aussi d’affiner l’interprétation des compétences illustrées, et de créer des discussions, afin que chacun.e puisse se les approprier correctement. Ici également, au sein du groupe, il s’agira d’assurer un cadre bienveillant et constructif, afin d’encourager chaque membre à oser prendre le risque, sans y être forcé.

 

La plus-value ?

Démontrée pour la formation, l’approche portfolio peut aisément se décliner dans d’autres domaines, tels que le bilan de compétences, l’orientation et la réorientation professionnelle. La démarche est simple, mais peut nécessiter un accompagnement, voire un encadrement, variable selon le type de public visé.

Elle peut néanmoins se réaliser en autonomie, une fois la démarche acquise, et supporter ainsi la formation tout au long de la vie.